Nominations de l’ANRE, et logique partisane

Mohamed Yatim

La pratique démocratique ne peut exister sans opinion publique, émanant principalement des médias, des journalistes, des influenceurs, des centres de recherche, des universitaires et autres intervenants.
Aussi, il est indispensable aux acteurs politiques et aux décideurs d’écouter des voix indépendantes, non impliquées directement dans la gestion politique courante, et qui abordent, autant que possible, la chose publique avec une approche neutre et objective, même avec une posture critique.
Ainsi, les acteurs politiques, qui ont à leur charge la gestion des affaires publiques, devraient considérer positivement le rôle que jouent les intervenants qui animent le débat public et participent à former l’opinion publique.
D’autre part, il est tout à fait légitime et compréhensible, que ces faiseurs d’opinion, chercheurs ou institutions, aient leurs propres convictions politiques ou penchants idéologiques, et il est naturel que ces particularités se reflètent dans leurs analyses et interprétations, mais en dépit de tout cela, les contributions de ces intervenants restent utiles, et enrichissantes pour le débat public.
Cependant, quelle que soit la diversité des lectures et des interprétations, et quelles que soient leurs références intellectuelles et idéologiques, toutes ces contributions doivent respecter une condition de base. Cela concerne le caractère sacré de l’information qui doit être préservé, avant toute interprétation, lecture ou analyse.
Il est fait ici référence à un récent article de Monsieur Mustapha SEHIMI, Professeur de droit et politologue, et qui est connu par ses nombreuses contributions dans le débat public.
Il s’agit d’un article ayant pour titre « ANRE : Le droit… Mais sans éthique », publié dans le site électronique « Quid.ma », qui se définit comme un espace pluriel, et engagé à être honnête, en séparant clairement l’information du commentaire.
Ce contexte encourage la discussion de ce qui a été avancé dans l’article susmentionné, sans que cela ne représente aucun manque de respect au site ou à l’auteur de l’article.
Ainsi, en rapport avec cet article, les observations suivantes peuvent être faites :
1-    Nous ne pouvons qu’être en phase avec ce qui a été dit dans l’article précité, et qui rejette que les nominations à l’ANRE soient sur la base de décisions partisanes, alors que le critère principal doit être la compétence et la qualification.
En effet, la logique partisane ne doit pas prévaloir sur l’expertise et la compétence, car ceci nuit au bon fonctionnement et à la crédibilité de telles institutions, et compromet les normes fondatrices de la démocratie, qui exigent tolérance et coexistence mutuelle, comme l’a souligné l’auteur de l’article.
Cependant, cela ne devrait pas signifier l’interdiction ou la criminalisation de la nomination de compétences nationales à des postes de responsabilité, à cause de leur simple appartenance politique. Ceci contribuerait à affaiblir les institutions de la vie politique, et risquerait de faire fuir de nos partis politiques, les cadres supérieurs et les compétences nationales, alors que nos partis, et notre vie politique, en ont tant besoin.
2-    D’autre part, nous ne pouvons qu’être en désaccord avec l’article, lorsqu’il place la nomination par le Chef du Gouvernement de trois membres, dans le même lot avec les nominations effectuées par les présidents des deux chambres au Parlement, et prétend que les trois membres nommés par le Chef du Gouvernement sont membres du PJD.
Nous ignorons sur quelle base ces trois personnes ont été qualifiées de membres du PJD, alors que ceux-ci ne le sont pas, ni de près ni de loin.
Il faut souligner que le Chef du Gouvernement s’est astreint, de son propre gré, à solliciter des propositions de profils en consultant plusieurs départements gouvernementaux concernés par ses trois nominations, afin d’élargir le choix des candidats potentiels, sans aucune logique partisane, aussi bien au moment de la consultation, que lors de la sélection.    D’ailleurs, la biographie des trois membres nommés par le Chef du Gouvernement, met en évidence que leurs compétences et leurs expériences répondent aux exigences et critères demandées, ce que d’ailleurs l’auteur concède dans son article, avant de prétendre, à tort, leur appartenance au PJD, et ce, en l’absence de toute information véridique ou preuve.
Si un membre du parti était nommé à une responsabilité publique, ce ne serait que dans le plein respect des exigences légales et éthiques, et ce ne serait que sur la base de la compétence, et non pas sur la base d’un quelconque clientélisme ou loyauté envers le parti.
Le PJD participe dans la gestion des affaires publiques depuis près de neuf ans, et son expérience dans les nominations opérées tout au long de cette période, témoigne de son respect de ce principe et de cette ligne directrice.

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